Pourtant j’ai cherché… J’ai fouillé partout, tout retourné, jusque dans la corbeille, les tiroirs, les chemises, les classeurs… Partout que j’vous dis ! Bon sang, j’ai quand même pas pu le jeter ? Impossible que je l’ai ramené à la maison, aucune utilité chez moi. Mais où peut-il bien être ? Bon, ceci étant, je ne vais pas en mourir non plus, faut pas charrier. Et puis, même si je ne le retrouve pas, mon employeur en trouvera une autre, après tout. Il connait bien ma façon de faire, Il est convaincu de l’importance de cette formation dans mon travail. Alors ? J’arrête de chercher. De toute façon je ne suis pas certain qu’un compte-rendu de formation aussi succinct me soit vraiment indispensable comme il dit ! « Classement, rangement et archivage », franchement, on n’a pas autre chose à faire ?

Il est des paysages qui vous enveloppent. Le mélange des pierres et de l’eau peut être, l’ambiance des montagnes dans la brume sans doute, la lande, la mousse et la bruyère en mélange. Il est des endroits où l’harmonie résonne comme un accord parfait. Une note pure, juste et mélodieuse. Il est des instants pendant lesquels la douceur végétale, la dureté minérale et l’élégante simplicité d’un pont, vous transforment et vous laissent sans voix. Il est des décors qui sont chargés d’un insaisissable soupir, des lieux dans lesquels on s’abandonne tant ils sont enivrants.

Puis, petit à petit, lentement mais sûrement, la végétation se mit à germer dans les endroits les plus improbables, à pousser, s’élever, se répandre et envahir tout ce qui ne lui plaisait pas. Elle recouvrit le bitume et le béton, habilla le fer et la rouille d’élégants manteaux de verdure rafraichissante. Plus d’ordures, de zoos ou de supermarchés. Plus de bidons d’huile, de papiers gras, de canettes et de verres brisés. Plus aucun bruit urbain, mécanique, robotique et violent. Plus d’agression, de cris, de larmes et de douleur. Plus d’indifférence, de haine ou de désolation. Plus d’armes, d’avions, de massacres et d’incompréhensions. Bref, plus d’humanité en somme.  

Les murs supportent de plus en plus difficilement ces assauts de l’obscurité. Ils savent l’inéluctable destin qui les attend. Ils connaissent, par la rumeur, le déclin, la décrépitude et la ruine. Le ciel s’assombrit et la pénombre apparait, mesquine et insidieuse. Elle envahit les lieux et semble tout dévorer sur son passage. Les volets aussi se ferment à l’arrivée des ombres de la nuit. Elles gagnent et rongent jusqu’au dernier espace encore éclairé. C’est terrible de vieillir…