Tuilerie
Une longue lanière de cuir actionne le volant. La courroie glisse autour d’une poulie en cœur de noyer de France de plus de cent ans ! Ça sent l’acier et la graisse chaude. Le moteur se met en marche dans un bruit sourd. Le sol absorbe quelques vibrations, je sens les rouages s’enclencher ; ça y est, ça tourne. Les rubans d’argile avancent lentement sur le tapis qui va nourrir la machine. Un arc s’abaisse avec une cadence mécanique pour couper la terre aux dimensions des tuiles. C’est un endroit magique, une machine à remonter le temps, mais pour de vrai. Je vois, je sens, j’entends, je suis présent dans un passé centenaire. Je regarde alentour, les étagères, les gabarits, les outils, tout est vieux, la machine semble essoufflée, fatiguée mais elle donne encore ce qu’elle a. Fidèle comme un chien. Après s’être régalée d’un millier de tuiles, elle s’endormira jusqu’à la prochaine commande, s’il y a une prochaine commande.