La Dhuys
C’était l’été, flamboyant, odorant et magique. Le parfum des tilleuls aux énormes troncs noueux embaumait le tour de ville. J’entendais toujours le même murmure musical qu'Ayline fredonnait, les lèvres jointes, en poussant infatigablement le fauteuil aux roues démesurées. Nous sortions du pont à droite pour flâner auprès de l’eau et de l’ombre, avant de rejoindre la maison médicalisée. Ailleurs, tout autour, le soleil et la chaleur enveloppaient la ville. Une fois la promenade terminée, une sorte de rituel semblait installé. Ayline arrêtait le fauteuil en bas de l’escalier en pierre qui donnait accès aux chambres et aux salles de soins, elle me contournait pour venir s’asseoir sur la troisième marche en face de moi, de sorte que nos visages soient à la même hauteur. Son image était floue et opaque, ses contours semblaient se fondre graduellement dans l’air, elle était irréelle, comme sortie de mon imagination.
Extrait de « Tout est bien qui finit mal » ICI