La grande salle
Je suis une grande salle vide au désespoir éprouvant. Les prisonniers étaient autorisés à écouter la messe par les ouvertures du fond. La puissance et l’harmonie des chants me glaçaient jusqu’à l’intérieur des tripes. Au petit matin, on entendait les pas des chevaux dans la cour, tirant les charrettes sur lesquelles on empilait les morts de la nuit. Nos cellules étaient infestées de crasse et d’injures. La gangrène et les infections mouraient avec nous ou s’attaquaient à d’autres proies. Elles n’en avaient jamais assez de leur ration de déjections et de vomissures humaines. Je suis la salle Napoléon dans l’Abbaye de Clairvaux. La salle dans laquelle avait lieu la messe. De l’autre côté du mur du fond, les prisonniers agonisaient en espérant la mort imminente.