Jours de grève
Les gens tombent comme des mouches. Certains face contre terre, écrasés par la lourde machine économique, la mécanique inébranlable, indifférente, insensible aux pleurs, aux drames du quotidien, elle broie tout sur son passage, machinale, robotique. Certains se relèveront, meurtris, vieillis avant l’âge ; les yeux gonflés de ressentiments, le dégoût au bord des lèvres pour toujours. Certains ne se redresseront pas. Jamais. Ils resteront courbés, cassés, soumis.
Et puis un jour, je ne sais pas quand, je verrai un sourire, une étincelle dans un regard, un visage détendu jusqu’à l’éclat de rire franc et sincère. Ce jour-là, le temps aura fait son ouvrage ; l’oubli, sans être définitif, aura cautérisé les plaies dont les maux se détacheront parfois de la boîte à souvenirs pour remonter comme une bulle de champagne.