Voyage
…/…Arrivés au pub, on s’approche du comptoir. Autour des tables en bois éparpillées dans la salle, les Irlandais discutent entre eux, une pinte à la main. Le verre est coloré d’un noir profond aux reflets de caramel, surmonté d’une crème onctueuse et épaisse…
Quelques instants plus tard, un papy aux pommettes empourprées s’installe sur la banquette du fond et sort un violon d’un vieil étui pelé par endroits. L’ambiance est affable et l’atmosphère chargée d’une indescriptible chaleur humaine. Les tons chauds du bois, les tapisseries usées mais encore soyeuses, les ocres cuivrés des instruments, la profonde noirceur de la bière… On se sent tellement bien ! Pendant une demi-heure, ça n’arrête pas. Des musiciens prennent place autour du violoniste ; un joueur de bodhran, deux guitaristes et ce soir là, nous aurons même droit à la harpe celtique. Je peux vous assurer que quand tout ce monde là se déchaîne, vous en prenez plein les oreilles. La musique celte, pour ce qui est du rythme, est comparable à celle des derviches tourneurs. Elle grise, elle saoule, elle transcende. Si vous y ajoutez les voix de l’ensemble du pub qui se mélangent en contre-chants, tous d’une justesse remarquable, vous obtenez un cocktail assez détonant…/…
Extrait de : "De fil en aiguille"