Le camélia
Une désunion, Une séparation comme un vieux couple qui se déchire. Un homme, une femme. Antagonistes et pourtant complémentaires. Comme les couleurs, chaudes et froides. La vie est rouge, le vert est espérance. Un divorce entre le corps et l’esprit, des taches, des gouttes de sang comme des éclaboussures. Les jets d’une veine qui éclate. Une hémorragie et la vision se trouble, incontrôlable. Ce n’est plus toi qui décide. Une autre vie apparaît, buissonnante, éclatante comme un feu d’artifice.
Le lierre
Ils vivent ensemble en parfaite harmonie. Ils se donnent et se prennent sans pudeur et sans crainte. Ils semblent s’embrasser, s’entrelacer, s’étreindre. L’une est douce, l’autre est rugueux. Ils sortent du même sol, respirent le même ciel et sont faits l’un pour l’autre. Quand on regarde mieux on ne sait plus qui ils sont. Siamois, en parfait équilibre et fondus l’un dans l’autre, ils sont complémentaires. Ils s’abritent et se nourrissent comme la mer sur le sable, le feu dans la lumière. Jamais l’un ne s’éloignera de l’autre, ils sont indissociables. Ils sont l’écorce et la liane, l’un semble protecteur et l’autre un peu fragile, pourtant en s’enroulant c’est elle qui le protège.
Poolewe
Il y a des écorces, des feuilles, de la mousse et des lichens. Il y a de l’eau, des pierres et du bois. On y voit du vert, du bleu, de l’or et de l’argent. On sent l’harmonie, la quiétude, la solitude aussi. Au loin, des montagnes. Comme un décor. Tout semble arrangé pour le bonheur. Le temps d'une image...
Gannedel
Elle est discrète et attentive. Elle m’observe. Moi aussi. La distance est là, pourtant sécurisante. Un léger mouvement de ma part, un bruissement de feuilles et le déploiement d’ailes est garanti. L’envol. Ensuite elle partira trop loin. Hors de portée de regard, à l’abri des arbres, au cœur du marais. Je continuerai à sentir sa présence. Elle aussi. On doit se revoir, comme une évidence.
La pêche
Il n’y a qu’ici que je me sens bien. Au bord de l’eau, à pêcher ou pas. Jeter des cailloux et regarder les ondes traverser la rivière. Suivre le reflet des nuages qui semblent plonger entre les remous. De temps en temps voir un poisson sauter, un oiseau planer qui se regarde à la surface. Mais surtout ce que j’aime le plus est d’imaginer des histoires. Il n’y a pas longtemps, en fin d’après midi, les reflets du ciel commençaient à se colorer. Les nuages semblaient dévorer le rose dans l’eau; tellement que j’ai cru pendant un moment qu’ils allaient prendre feu ! Heureusement, le feu n’aurait pas pris dans l’eau. Ben non ! Et si jour, pour de vrai, les nuages prenaient feu ?...
Les gouttes
Tout et son contraire. En bas et en haut, à gauche et à droite, à l’endroit et à l’envers. Recto et verso, reflets inversés, l’une agrippée l’autre glissant doucement… Donc sans doute l’une est légère et l’autre plus lourde. Viennent-elles de la rosée et de la pluie ? Se connaissent-elles ? Pour sûr elles sont fâchées. Celle du haut lui dit : Attends que je vienne te rejoindre, tu vas voir !… Ou bien elles n’attendent que ça toutes les deux pour ne former plus qu’une… Va savoir...
Les galets
La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Quand ils ont couru
Dans l'eau les pieds nus
À l'ombre des pins
Se sont pris la main
Et sans se défendre
Sont tombés dans l'eau
Comme deux oiseaux
Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres
Et c'était comme si tout recommençait
La vie, l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amour
Jean FERRAT (extrait de "Deux enfants au soleil")
Conditionnel
On prendrait notre temps pour aller travailler
On irait travailler sans y être obligé
Pas besoin d’HLM, de voiture, de télé
Peut-être même qu’on irait plus jamais travailler ?
Les enfants qui joueraient au beau milieu du pré
Ne s’raient pas à Durand, pas gradé, pas curé
Ils auraient pour parents une grande communauté
De gens qui s’raient restés, eux aussi des enfants.
On prendrait les guitares, d’autres iraient se coucher
La fête finirait tard sans qu’on soit dérangé
Par des gens qui viendraient, armés, assermentés
Par des chefs ou des lois, qu’on aurait oublié.
On s’rait pas d’un pays, on s’rait pas les plus fort
On aim’rait tant la vie, qu’on chang’rait de décor
Les fleurs ont envahi nos monuments aux morts
Une autre mélodie qui vibre dans nos corps
Ces phrases que l’on sème au gré d’une chanson
Deviennent des rengaines qui virent et tournent en rond
Je voudrais que tu m’aimes dans un autre monde
Où l’on pourrait s’aimer aux quatre coins du monde
Peut-être qu’on irait plus jamais travailler
Les enfants qui joueraient au beau milieu du pré
On prendrait les guitares d’autres iraient se coucher
La fête finirait tard, tous les soirs de l’année.
On prendrait notre temps pour aller travailler
On irait travailler sans y être obligé
Pas besoin d’HLM, de voiture, de télé
Peut-être même qu’on irait plus jamais travailler ?
Les enfants qui joueraient au beau milieu du pré
Ne s’raient pas à Durand, pas gradé, pas curé
Ils auraient pour parents une grande communauté
De gens qui s’raient restés, eux aussi des enfants.
On prendrait les guitares, d’autres iraient se coucher
La fête finirait tard sans qu’on soit dérangé
Par des gens qui viendraient, armés, assermentés
Par des chefs ou des lois, qu’on aurait oubliés.
On s’rait pas d’un pays, on s’rait pas les plus fort
On aim’rait tant la vie, qu’on chang’rait de décor
Les fleurs ont envahi nos monuments aux morts
Une autre mélodie qui vibre dans nos corps
Ces phrases que l’on sème au gré d’une chanson
Deviennent des rengaines qui virent et tournent en rond
Je voudrais que tu m’aimes dans un autre monde
Où l’on pourrait s’aimer aux quatre coins du monde
Peut-être qu’on irait plus jamais travailler
Les enfants qui joueraient au beau milieu du pré
On prendrait les guitares d’autres iraient se coucher
La fête finirait tard, tous les soirs de l’année.
Le miroir
Certains passent indifférents à côté de pauvre gens, les vêtements usés, les joues creusées, grelottants, souvent répugnants. D’autres s’amusent de voir se hisser des barbelés pour emprisonner la faim, l’effroi et les sanglots. Quelques-uns rigolent de bon cœur quand des amours se meurent, quand on se fait berner par ceux qui se partagent le monde, quand on tue, par l’argent, la terreur et le trouble. Beaucoup croient apprendre, statufiés devant l’écran aux heures de « grandes écoutes » ; c’est l’indigence du discernement qui s’insinue comme une tumeur. Désabusé, devenu insensible par l’habitude des enfants torturés, des fillettes prostituées, de la foule exaltée…. Pause…Je lève les yeux au ciel et regarde dans le miroir. Nous marchons sur la tête, c'est à n'en pas douter.