Une image seule ne suffit pas...

Ainsi les secrets n’existeront plus, ni les secrets d’état, ni les états d’âme, ni l’amertume. Plus aucun ressentiment, plus de haine ni de mensonge. La transparence, un doux rêve.

Il est seul sur un banc, sous la pluie. Il compte les ronds dans l’eau, regarde les brindilles, écoute le vent qui souffle. Il est trempé mais ne sent rien. Il regarde sa maison une dernière fois dans la flaque. Il cherche la fenêtre qui éclairait sa vie et ne la retrouve plus. Il est comme le reflet, la tête à l’envers sans plus rien reconnaitre. Dès que la pluie aura cessée, dès que la rue sera sèche, comme le reflet, il aura disparu avec ses larmes, avec la pluie, tout n’est qu’affaire de temps.

Tout était prêt pourtant. Le fruit d’une besogne et d’une préparation que l’on devinait monumentales. Un travail de longue haleine dont la seule motivation était la fête prévue. Le rassemblement de toutes et de tous. Les costumes, les dragons, les maquillages et les tambours, tout était là et tout vibrait déjà dans l’attente des premiers pas. Mais personne ne peut s’y tromper ; la fête sous une pluie battante ce sont des sourires qui s’estompent, une allégresse et des rires qui se dérobent. Les maquillages ont coulé, les costumes ont déteint et la musique s’est tue.  C’est vrai, c’est dommage. Les hommes ne peuvent pas tout prévoir non plus. Ça, par contre, c’est bien, quoique...

Avez-vous déjà vu ces adultes, qui rentrent chez eux le soir exténués, abrutis par le travail ? Ils sont pour la plupart issus des montagnes noires, de l’autre côté de la rive. Les montagnes noires sont habitées par le monstre. C’est lui qui doit préparer les enfants à devenir adulte et à rejoindre l’autre côté du lac. C’est notre vie, notre société avec nos règles et nos lois. Le monstre dépouille les enfants de leur innocence, de leur pureté et de leur amour pour autrui, quel qu’il soit. C’est la seule et unique condition pour pouvoir quitter les montagnes noires et échapper au dictat du monstre. Quand on est gosse, on ne comprend pas, on subit. Parmi ceux qui traversent, plus aucun, ou presque ne franchira le lac à nouveau. Soit ils préféreront s’asseoir et jouer dans un coin pour n’être pas rentables, on les appelle « les enfants » ou les "grands-enfants", soit ils participent activement à l’édification et au renforcement du monde, on les nomme « les adultes ». Certains retourneront combattre dans les montagnes, mais ils ne suffiront pas tant les forces et la puissance du monstre ont décuplées. J’ai voulu retourner dans ce territoire hostile et poisseux. Je me suis trouvé seul et désemparé. J’ai eu peur.

C’est l’histoire d’un gosse…

Il s'agit du thème d'un roman encore inachevé (mais bien avancé quand même). Cette image correspond à merveille à l'idée que je m'en faisait. Elle illustrera la 4è de couv...

Il y a un an, je me suis lancé un défi : Celui de poster un texte illustré tous les 3 jours pendant un an. Pourquoi tous les 3 jours ? Pour me laisser le temps d'écrire et d'être "inspiré". Pourquoi pendant un an ? Parce que ça me semblait une éternité.... Pourquoi un défi ? Pour le jeu, l'amusement, pour lutter contre l'endormissement. Enfin pourquoi un texte illustré ? Parce que j'en ai vu peu sur le web et parce que j'aime l'un et l'autre.

Je me lance un autre divertissement, celui d'un roman (J'en dévoilerai le thème dans 3 jours...). Il est donc probable que je sois moins présent, sauf si ?... (J'ai pris goût en fait).

De plus je tenais à remercier toutes celles et ceux qui ont pris le temps de me laisser des commentaires, des avis et plus encore. Sans cela je n'aurais sans doute pas été au bout de cette expérience.

A l'image de la photo ci-dessous j'ai donc lentement, progressivement agrandi mon territoire "d'images encrées" en espérant même m'être amélioré (?).

C'est en partie à vous que je le dois.

Merci. Sincèrement.

Il ne reste plus que l’art. La création et l’invention seules pourront nous libérer. N’importe où, avec n’importe quoi, dans n’importe quelles conditions. Imaginer est le plus important. Il ne reste rien autour, tout a disparu. Un recoin de lumière, une toile et des pinceaux ou bien un peu d’argile, un morceau de bois, des lianes, un bloc de pierre ; n’importe quoi pour concevoir, inventer et tout recommencer. 

L’homme est grand. L’homme est fort. L’homme est puissant. Il peut voir loin quand la nature le lui permet. Il sait construire des villes, des ouvrages, des remparts. Il sait se prémunir contre sa propre espèce, se protéger de lui-même en sorte. Non, l’homme n’est pas si grand, si fort et si puissant. Seul le ciel est immense. Seul l'homme sait inventer l'inhumain.

Le rouge est la couleur du sang et le sang est guerrier. Le rouge est chaleur, brûlure et diablerie. Le rouge est dans le ciel à la tombée de la nuit ; il disparaît le jour pour laisser place au bleu. Le rouge est canicule, flamme et ferveur amoureuse. Il rampe sous la peau et gonfle dans les chairs, le rouge se veut dangereux. Injecté dans les yeux, foncé sous les pommettes, barbouillé sur les lèvres. Il est le risque et la peur, le péril et la menace. Il nous regarde, nous fixe et nous défie. Rouge est le sang, rouge est la vie.

L’eau est croupie, verdâtre, à l’odeur fétide. Deux énormes ossatures de cheminée ornent le fond, de chaque côté de la petite trappe qui devait réguler l’alimentation en eau. Comme à chaque fois que je pénètre seul dans un lieu abandonné à son histoire, je suis pris d’une émotion particulière, je ressens la vie, j’entends des sons et je vois des images. Toutes les conditions sont réunies pour déclencher, le nez au ras des margelles. Je me relève en adressant un sourire à toutes les lavandières dont les rires et les bavardages emplissent encore l’atmosphère. En haut des escaliers, je pousse la porte ; le temps, impalpable pendant quelques secondes, vient de renaître.

08 mai 2014. Place DUCALE à Charleville-Mézières. Temps maussade mais lumière douce. Un chapiteau comme le nez au milieu de la figure mais pas de voitures et de gens qui déambulent. Bref, situation presqu’idéale pour réaliser un panoramique comme j’aime les faire. A refaire néanmoins sans le chapiteau (nez en moins…OK je sors). Assemblage de 15 images.