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Une image seule ne suffit pas...

30 août 2014

Hêtre tortillard

verzy1web

J’ai souvent les idées qui mettent du temps avant d’être bien en place. En fait, je n’ai aucune certitude sur rien. Je doute de tout. Je me dirige vers la direction qui me semble la plus logique, ou la plus simple, puis en cours de route quelque chose ou quelqu’un me fait changer d’avis. Je prends donc une autre direction. Pas de bol, je rencontre encore quelqu’un d’autre qui me dit le contraire. Si les discours sont bien argumentés, je plonge direct. Puis je repense à tout ce qu’on m’a dit et là, le discernement commence seulement. Ça s’appelle l’esprit d’escalier ; le manque de vivacité d’esprit, voire la comprenette difficile, un peu lourdingue… Pour autant je ne me considère pas comme idiot, non, seulement un être à l’esprit tortueux. Ceux de la photo se nomment « hêtres tortillards ». Je n’y vois pas de similitude, du moins je n’en suis pas sûr…

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27 août 2014

Question, non-réponse

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De vastes piliers de chaque côté du bâtiment soutenaient une voûte ample et haute. Lorsque l’on s’asseyait à l’entrée, un effet de perspective donnait l’impression que les piliers se rejoignaient vers le haut, comme des bras tendus vers la prière. Le silence, la pénombre, la résonance des moindres sons, puis ce dépouillement, ce dénuement total invitaient à une seule question : Pourquoi ? Même si les circonstances ont inondée Nicole de lumière un court instant, j'avoue ne pas avoir bien compris la réponse…

24 août 2014

Les toits de Tonnerre

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Du rose et de la pierre

Des tuiles et de l’ardoise

La mousse et la bruyère

Quelques taches de couleurs

Ton parfum de framboise

Un soir ensorceleur…

21 août 2014

Tentation

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J’ai subi les pires épreuves. L’isolement, le dépouillement, l’envie et la privation. C’était un choix, mon choix, et je ne regrette rien. J’ai découvert l’amour, le recueillement et la prière commune semblable à un envol ; la méditation dont la force surpasse tout. J’ai vaincu, je me suis vaincu, j’ai trouvé le bien et je suis disponible. J’ignorais qu’il existait une épreuve ultime : la tentation. Une autre lumière, d’autres parfums portés par des vents chauds et caressants. Lorsqu’elle est venue visiter la chapelle, nos regards se sont croisés une seule fois ; Elle a tourné la tête en partant et laissé la porte ouverte….

18 août 2014

Coeur brisé

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Je ne sais pas qui c’est mais j’imagine le ou la partenaire venir le cœur fébrile sur leur lieu de rencontre habituel, au pied du vieux moulin parce que l’un(e) aurait dit à l’autre :

« Viens ce soir, là où tu sais, j’ai quelque chose à te dire… »

Ensuite, au bord de l’eau on peut imaginer le pire, les chagrins d’amour peuvent mener au désespoir le plus sordide.

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15 août 2014

Voyage

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…/…Arrivés au pub, on s’approche du comptoir. Autour des tables en bois éparpillées dans la salle, les Irlandais discutent entre eux, une pinte à la main. Le verre est coloré d’un noir profond aux reflets de caramel, surmonté d’une crème onctueuse et épaisse…

Quelques instants plus tard, un papy aux pommettes empourprées s’installe sur la banquette du fond et sort un violon d’un vieil étui pelé par endroits. L’ambiance est affable et l’atmosphère chargée d’une indescriptible chaleur humaine. Les tons chauds du bois, les tapisseries usées mais encore soyeuses, les ocres cuivrés des instruments, la profonde noirceur de la bière… On se sent tellement bien ! Pendant une demi-heure, ça n’arrête pas. Des musiciens prennent place autour du violoniste ; un joueur de bodhran, deux guitaristes et ce soir là, nous aurons même droit à la harpe celtique. Je peux vous assurer que quand tout ce monde là se déchaîne, vous en prenez plein les oreilles. La musique celte, pour ce qui est du rythme, est comparable à celle des derviches tourneurs. Elle grise, elle saoule, elle transcende. Si vous y ajoutez les voix de l’ensemble du pub qui se mélangent en contre-chants, tous d’une justesse remarquable, vous obtenez un cocktail assez détonant…/…

Extrait de : "De fil en aiguille"

 

 

12 août 2014

La ville

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Elle a des milliers d’yeux, de bouches et de paires d’oreilles. Son cerveau et son cœur sont souvent au même endroit. Comme nous elle possède son propre système d’échange, de transmission et d’information. Elle sait s’entretenir, se soigner, parfois anticiper. Elle se repose la nuit. Comme nous, elle grandit, évolue, apprend… mais vieillit aussi. Elle s’embellit de couleurs, de parfums et d’habits de fête lors des grandes occasions. Comme nous elle a son caractère et son vécu. Elle travaille, chôme, achète et vend. Elle voyage et se déplace, par les images, les histoires qu’on lui prête. En somme, elle fait presque tout comme nous, elle est notre propre image, notre reflet ; la ville.

9 août 2014

L'hospice

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 Ils étaient tous là. Presque tous. Ils ne faisaient rien. Assis sur leur chaise ou dans leur fauteuil habituel, ils semblaient regarder sans voir, la tête légèrement baissée comme si le cou ne la supportait plus. Lorsque je suis entré, tous les regards se sont dirigés vers moi. Tous avaient la même expression. Tous semblaient dire : Tu viens me voir enfin ? Pas un sourire, pas une seule petite étincelle de joie. La tristesse, comme un orage, rendait l’air étouffant, pesant. Leur regard était gris, absent ou résigné. Leur corps même les avait abandonnés depuis longtemps déjà. Mon ancienne voisine ne m’a pas reconnu immédiatement. Elle leva la tête à mon approche et me scruta dans un léger tremblement convulsif. Ses mains étaient raides et déformées ; elle me tendit la droite que je gardai dans la mienne le temps qu’elle se souvienne. Cet échange fut si intense que je pris une chaise pour m’assoir à coté ; nous sommes restés main dans la main sans même s’en rendre compte. Tous les autres pensionnaires ont à nouveau baissé la tête comme si le fil qui les retenait, venait d’être coupé. Je ne venais que pour elle.

6 août 2014

Jours de grève

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Les gens tombent comme des mouches. Certains face contre terre, écrasés par la lourde machine économique, la mécanique inébranlable, indifférente, insensible aux pleurs, aux drames du quotidien, elle broie tout sur son passage, machinale, robotique. Certains se relèveront, meurtris, vieillis avant l’âge ; les yeux gonflés de ressentiments, le dégoût au bord des lèvres pour toujours. Certains ne se redresseront pas. Jamais. Ils resteront courbés, cassés, soumis.
Et puis un jour, je ne sais pas quand, je verrai un sourire, une étincelle dans un regard, un visage détendu jusqu’à l’éclat de rire franc et sincère. Ce jour-là, le temps aura fait son ouvrage ; l’oubli, sans être définitif, aura cautérisé les plaies dont les maux se détacheront parfois de la boîte à souvenirs pour remonter comme une bulle de champagne.

3 août 2014

Rétrospective

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Il y a très longtemps pour les fêtes de fin d’année, l’entreprise organisait un arbre de noël. Cette journée de fête avait pour but de rassembler les familles, de voir s’émerveiller les enfants qui, pour beaucoup, n’avait jamais vu les clowns et n’avait que rarement goûté aussi copieusement. Tandis que les enfants se tordaient de rire en attendant d’ouvrir leur cadeau, les parents discutaient au bar avant le spectacle de fin d’après midi. Au programme : Musique, prestidigitation et jonglerie. Vers 19 heures, tout ce petit monde regagnait ses pénates avec la certitude d’avoir passé un après-midi dont les enfants reparleraient. Nous étions environ 1300 salariés à cette époque. Tous, ou presque se connaissaient, voire s’appréciaient.

Au fil des années, les conditions se sont dégradées, le commerce devint plus rude et certains salariés se sont aigris.

Puis l’euro est venu fourrer son nez dans les affaires en nous faisant avaler des unités pour des dizaines, des dizaines pour des centaines et des centaines pour des milliers…

L’arbre de noël était remis en question. Trop cher. Le personnel sans enfants se plaignait qu’un spectacle de fin d’année ne nourrissait pas son homme ; Qu’il y avait déjà assez de clowns à l’usine pour pouvoir se passer du spectacle ! Alors est venu le temps béni des paniers gourmands. Terrines, spécialités du terroir, champagne et vins de coteaux remplissaient généreusement un panier d’osier blond tapissé d’une serviette vichy. Nous étions descendus à 800 personnes environ après les premiers plans sociaux et les délocalisations. Les enfants questionnaient parfois : « Papa, c’est quand les clowns et le goûter ? ». Le travail était rendu plus impersonnel ; les coûts de production se dégradaient, pardon « déjaugeaient » la structure des produits pour récupérer quelques précieux centimes. La collection s’amaigrit, la vitesse l’emporta sur la réflexion, il fallait faire vite.

Peu après, les conditions se sont dégradées, le commerce devint plus rude et certains salariés se sont aigris. L’entreprise changea d’identité comme un repris de justice essaie de changer de visage.

Les paniers furent contestés. Le contenu était trop riche. Pas bio, pas halal, pas végétarien ; trop traditionnel en somme, peut-être trop « franchouillard ». J’ai même entendu dire que ce panier était une honte pour ne pas respecter à ce point les salariés. Les gens se fréquentaient moins, l’accueil était plus froid dans les ateliers, les sourires souvent absents. Plusieurs personnes avaient été déplacées à des postes qui ne leur convenaient pas, mais il leur fallait comprendre que leur avenir était ici et pas ailleurs. On fabriquait de l’incompétence à tour de bras…

Quelques temps plus tard les paniers furent remplacés par un carnet de chèque qui est utilisable dans des commerces divers et variés. Enfin tout le monde respire. On est libre d’acheter ce que l’on veut où l’on veut. On est « li-br-e » a-t-on entendu entre deux chariots élévateurs ! On ne peut pas emmener les enfants au spectacle, le montant n’est pas suffisant. On ne se rencontre plus, on ne rie plus en famille au contact des autres. Je ne peux pas acheter de terrines artisanales ou de vins des coteaux, les chèques cadeaux ne sont pas acceptés. L’argent à gagné une fois de plus. Il y a mis le temps mais a finit par satisfaire des gens que la fête des enfants indisposait.
L’entreprise a encore changé de nom avec un discours qui tue : « … Nous sommes en guerre et à la guerre, il y a toujours des morts »… Alors est venu le temps des « déjeuners ». Les nouveaux directeurs, insensibles aux charmes (parfois cachés) de notre petite bourgade, ont emménagé « en ville » à une cinquantaine de kilomètres. Le midi, le déjeuner des directeurs fut une aubaine pour certains. Les courtisans se sont multipliés, il faisait bon flirter avec « les grands » ; certains furent acceptés, d’autres non. Les confidences du déjeuner allaient bon train, la rumeur s’est mise à enfler comme une baudruche sur le point d’éclater. Maintenant, nous sommes moins de 500 salariés. Beaucoup ne se parlent même plus, ne se connaissent plus, la jalousie et l’amertume sont palpables partout. Je vois des directeurs me saluer de loin sans même plus prendre le temps de faire quatre ou cinq pas pour serrer la main, échanger deux mots, mais je ne faisais pas partie des déjeuners… Certaines personnes qui auraient pu être des amis sont devenues, tout au plus, des compagnons d’infortune.

Aujourd’hui les conditions se dégradent encore, le commerce devient de plus en plus rude et certains salariés se sont aigris davantage.

Je fais partie de ceux là.

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